Louis GUÉROULT (1862-1900)


Guéroult, élève de l'Ecole des Mines de Paris
(C) Photo collections ENSMP

Né le 22/4/1862 à Paris.

Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris (promotion 1883) : entré en classe préparatoire le 21/8/1822, classé 22 ; admis comme élève externe le 4/7/1883, classé 4 ; sorti le 7/6/1886, classé 17. Ingénieur civil des mines.


Bulletin de l'Association amicale des anciens élèves de l'Ecole des Mines, 1901

Sorti de l'École des Mines en 1886, Louis Guéroult entrait, peu de temps après, à la Société de Baccarat, y restait attaché pendant plusieurs années et arrivait promptement aux fonctions de sous-directeur des Cristalleries ; puis, ayant donné sa démission, il était choisi, en 1896, comme directeur, par la Verrerie de Folembray, situation qu'il occupa jusqu'à sa mort, en décembre 1900.

Louis Guéroult est de ceux qui méritent un éloge sans réserves et qu'on regrette seulement de ne pouvoir louer que brièvement, parce que leur carrière fut trop courte.

Doué à un haut degré des qualités de l'ingénieur, il se distingua dans les divers postes qu'il a occupés, non-seulement par ses aptitudes d'administrateur et de chef d'industrie, mais encore par sa valeur technique et par l'activité de ses recherches. Constamment attentif aux perfectionnements dont étaient susceptibles les procédés qu'il avait à appliquer, il laissa partout des traces de son passage, et les industries du verre et du cristal lui sont redevables de divers progrès dont l'héritage a été recueilli par ses successeurs.

Guidé à la fois par un esprit pratique ingénieux et par les principes d'une méthode très sûre, il eut, en dix années, une carrière singulièrement remplie.

Les premières recherches personnelles de Guéroult eurent pour objet l'emploi de la potée d'étain dans le polissage du cristal. Soucieux de la santé de ses ouvriers, et très frappé des inconvénients et des dangers que présentaient les procédés jusqu'alors en usage, il réussit à conjurer le saturnisme qui en résultait souvent, par la substitution, à la potée ordinaire, d'une composition à base d'acide métastannique.

L'Académie des Sciences, dans sa séance publique annuelle du 29 décembre 1892, et sur le rapport de M. Schutzenberger, attribua à Guéroult le prix Montyon (Arts insalubres).

Cette découverte, qui présentait un grand intérêt au point de vue humanitaire, fut suivie d'une autre par laquelle Guéroult dota l'industrie verrière d'un appareil appelé à rendre des services considérables. Très frappé de l'importance que présente la connaissance exacte du degré de recuit du verre, il s'était attaché à cette étude et établit les relations existant entre l'état du verre et son action sur la lumière polarisée. Les règles, qu'à la suite de ces travaux, il fixa pour l'examen du verre au polariscope et les conclusions à en tirer, constituent une découverte personnelle d'une grande portée pratique et suffisante pour perpétuer le nom de son inventeur parmi ceux qui en bénéficieront.

Guéroult est aussi l'auteur de diverses brochures ou articles, dont l'un, paru dans la Revue générale des Sciences, en 1896, avec la collaboration de notre camarade Émilio Damour, traite de : « L'état actuel et les besoins des industries de la verrerie et de la cristallerie en France ». Mais ses travaux les plus originaux et les plus intéressants n'ont reçu aucune publicité pour des raisons de discrétion qui font grand honneur à sa modestie.

Continuant à Folembray les recherches qu'il avait commencées à Baccarat, Guéroult, fort de ses observations méthodiques, opéra des transformations très intéressantes et dont les résultats furent entièrement conformes à ses expériences et à ses prévisions.

Il donna enfin tous ses soins à la fabrication des isolateurs électriques en verre, fabrication nouvelle et difficile qu'il parvint à rendre pratique et qui est appelée à prendre un grand développement.

La mort le surprit en pleine activité et en plein labeur.

Travailleur ardent, n'économisant ni son temps ni sa peine, dur à lui-même, il montrait vis-à-vis des autres la même énergie, exigeant beaucoup d'eux, mais leur prodiguant aussi, en même temps que l'exemple d'un labeur incessant, les témoignages de bienveillance et d'équité qui caractérisent les âmes droites, honnêtes et justes.

Intelligence d'élite, cultivée et ouverte, Louis Guéroult était plus qu'aucun dépourvu de banalité. Ceux qui ont passé à côté de lui leurs années d'École conservent dans leur coeur une place particulière à cet ami sûr et affectueux, dont l'esprit fin et enjoué était fait pour attirer à lui les sympathies sincères et durables, et qui n'emporte que des regrets.

F. FRÉDÉRIC-MOREAU